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CONTES ARABES.

que le derviche lui avoit donnés. Il s’encouragea, et il monta bien résolu d’arriver jusqu’au haut de la montagne, et il avança cinq ou six pas ; alors il entendit derrière lui une voix qui lui parut fort proche, comme d’un homme qui le rappeloit et l’insultoit, en criant :

« Attends, téméraire, que je te punisse de ton audace ! »

À cet outrage, le prince Perviz oublia tous les avis du derviche, il mit la main sur le sabre, il le tira, et il se tourna pour se venger ; mais à peine eut-il le temps de voir que personne ne le suivoit, qu’il fut changé en une pierre noire, lui et son cheval.

Depuis que le prince Perviz étoit parti, la princesse Parizade n’avoit pas manqué chaque jour de porter à la main le chapelet qu’elle avoit reçu de lui le jour qu’il étoit parti, et, quand elle n’avoit autre chose à faire, de le dire en faisant passer les grains par ses doigts l’un après l’autre. Elle ne l’avoit pas même quitté