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CONTES ARABES.

de longues années, et s’étoit négligé pour s’attacher à Dieu uniquement, de manière qu’à la fin il étoit fait comme nous venons de voir.

Le prince Bahman, qui depuis le matin avoit été attentif à observer s’il rencontreroit quelqu’un auquel il pût s’informer du lieu où son dessein étoit de se rendre, s’arrêta quand il fut arrivé près du derviche, comme le premier qu’il rencontroit, et mit pied à terre, pour se conformer à ce que la dévote avoit marqué à la princesse Parizade. En tenant son cheval par la bride, il s’avança jusqu’au derviche ; et en le saluant :

« Bon père, dit-il, Dieu prolonge vos jours, et vous accorde l’accomplissement de vos désirs ! »

Le derviche répondit au salut du prince, mais si peu intelligiblement qu’il n’en comprit pas un mot. Comme le prince Bahman vit que l’empêchement venoit de ce que la moustache couvroit la bouche du derviche, et qu’il ne vouloit pas passer outre sans prendre de lui l’instruction dont