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LES MILLE ET UNE NUITS,

choses si délicates ; et, si j’en mange, c’est pour ne pas refuser ce que Dieu m’envoie par une main libérale comme la vôtre. »

Pendant que la dévote mangeoit, la princesse qui mangea aussi quelque chose, pour l’y exciter par son exemple, lui fit plusieurs questions sur les exercices de dévotion qu’elle pratiquoit, et sur la manière dont elle vivoit, auxquelles elle répondit avec beaucoup de modestie ; et de discours en discours, elle lui demanda ce qu’elle pensoit de la maison qu’elle voyoit, et si elle la trouvoit à son gré.

« Madame, répondit la dévote, il faudroit être d’un très-mauvais goût pour y trouver à reprendre. Elle est belle, riante, meublée magnifiquement, sans confusion, très-bien entendue ; et les ornemens y sont ménagés on ne peut pas mieux. Quant à la situation, elle est dans un terrain agréable, et l’on ne peut imaginer un jardin qui fasse plus de plaisir à voir que celui dont elle est accom-