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CONTES ARABES.

grâces, lui sera un assez grand supplice. »

Le sultan de Perse rentra en lui-même ; et comme il vit bien l’injustice qu’il y avoit à condamner la sultane à mort pour de fausses couches, quand même elles eussent été véritables, comme il le croyoit faussement :

« Qu’elle vive donc, dit-il, puisque cela est ainsi ! Je lui donne la vie, mais à une condition qui lui fera désirer la mort plus d’une fois chaque jour. Qu’on lui fasse un réduit de charpente à la porte de la principale mosquée, avec une fenêtre toujours ouverte ; qu’on l’y renferme avec un habit des plus grossiers, et que chaque Musulman qui ira à la mosquée faire sa prière, lui crache au nez en passant. Si quelqu’un y manque, je veux qu’il soit exposé au même châtiment ; et afin que je sois obéi, vous, visir, je vous commande d’y mettre des surveillans. »

Le ton dont le sultan prononça ce