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LES MILLE ET UNE NUITS,

mortifiantes à la sultane leur cadette. Elles n’avoient pas eu le temps de se communiquer l’une à l’autre ce qu’elles avoient pensé d’abord de la préférence que le sultan lui avoit donnée à leur préjudice, à ce qu’elles prétendoient ; elles n’en avoient eu que pour se préparer à la célébration du mariage. Mais dès qu’elles purent se revoir quelques jours après dans un bain public où elles s’étoient donné rendez-vous :

« Hé bien, ma sœur, dit l’aînée à l’autre sœur, que dites-vous de notre cadette ? N’est-ce pas un beau sujet pour être sultane ? »

« Je vous avoue, dit l’autre sœur, que je n’y comprends rien ; je ne conçois pas quels attraits le sultan a trouvés, en elle pour se laisser fasciner les yeux comme il a fait. Ce n’est qu’une marmotte, et vous savez en quel état nous l’avons vue vous et moi. Étoit-ce une raison au sultan pour ne pas jeter les yeux sur vous, qu’un air de jeunesse qu’elle a un peu plus que nous ? Vous étiez digne de