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LES MILLE ET UNE NUITS,

sion ; et en continuant son discours :

« Sire, poursuivit-elle, que pense votre Majesté de ces richesses inouies de la fée ? Peut-être dira-t-elle qu’elle en est dans l’admiration, et qu’elle se réjouit de la haute fortune du prince Ahmed son fils, qui en jouit en commun avec la fée ? Pour moi, Sire, je supplie votre Majesté de me pardonner, si je prends la liberté de lui remontrer que j’en pense autrement, et même que j’en suis dans l’épouvante, quand je considère le malheur qui peut lui en arriver ; et c’est ce qui fait le sujet de l’inquiétude où je suis, que je n’ai pu si bien dissimuler qu’elle ne s’en soit aperçue. Je veux croire que le prince Ahmed par son bon naturel n’est pas capable de lui-même de rien entreprendre contre votre Majesté ; mais qui peut répondre que la fée par ses attraits, par ses caresses et par le pouvoir qu’elle a déjà acquis sur l’esprit de son époux, ne lui inspirera pas le pernicieux dessein de supplanter votre Majesté, et de s’emparer