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CONTES ARABES.

une injustice en remettant la chose à ce qui en seroit décidé par le sort ?

» Votre Majesté peut dire, ajouta le malicieux favori, que le prince Ahmed ne donne aucune marque de mécontentement, que nos frayeurs sont vaines, que nous nous alarmons trop facilement, et que nous avons tort de lui suggérer des soupçons de cette nature contre un prince de son sang, qui peut-être n’ont pas de fondement ; mais, Sire, poursuivit le favori, peut-être aussi que ces soupçons sont bien fondés. Votre Majesté n’ignore pas que dans une affaire aussi délicate et aussi importante, il faut s’attacher au parti le plus sûr ; qu’elle considère que la dissimulation de la part du prince peut l’amuser et la tromper, et que le danger est d’autant plus à craindre, qu’il ne paroît pas que le prince Ahmed soit fort éloigné de sa capitale. En effet, si elle y a fait la même attention que nous, elle a pu observer que toutes les fois qu’il arrive, lui et ses gens sont frais, leurs habillemens et