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CONTES ARABES.

l’esprit, et si j’étois dépourvu de bon sens au point de me flatter d’avoir la force de pousser une flèche à une si longue distance, qu’aucun de nos héros les plus anciens et les plus renommés par leur force, n’avoit jamais eue. Je fis ce raisonnement, et j’étois prêt à abandonner mon entreprise ; mais quand je voulus exécuter ma résolution, je me sentis entraîné comme malgré moi ; et après avoir marché quatre lieues, jusqu’où la plaine est terminée par des rochers, j’aperçus une flèche ; je courus, je la ramassai, et je reconnus que c’étoit celle que j’avois tirée, mais qui n’avoit pas été trouvée ni dans le lieu, ni dans le temps qu’il le falloit. Ainsi, bien loin de penser que votre Majesté m’eût fait une injustice en prononçant pour le prince Ali, j’interprétai ce qui m’étoit arrivé tout autrement, et je ne doutai pas qu’en cela il n’y eût un mystère à mon avantage, sur lequel je ne devois rien oublier pour en avoir l’éclaircissement ; et j’eus cet éclaircissement sans