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LES MILLE ET UNE NUITS,

le tuyau, voyez si je vous en impose ? »

Le prince Houssain prit le tuyau d’ivoire de la main du prince Ali ; et comme il eut approché l’œil du bout que le prince Ali avoit marqué en le lui présentant, avec intention de voir la princesse Nourounnihar, et d’apprendre comment elle se portoit, le prince Ali et le prince Ahmed, qui avoient les yeux sur lui, furent extrêmement étonnés de le voir tout-à-coup changer de visage, d’une manière qui marquoit une surprise extraordinaire, jointe à une grande affliction. Le prince Houssain ne leur donna pas le temps de lui en demander le sujet.

« Princes, s’écria-t-il, c’est inutilement que vous et moi nous avons entrepris un voyage si pénible dans l’espérance d’en être récompensés par la possession de la charmante Nourounnihar : dans peu de momens cette aimable princesse ne sera plus en vie ; je viens de la voir dans son lit, environnée de ses femmes et de