Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
LES MILLE ET UNE NUITS,

voire à trente bourses, a-t-il l’esprit bien sain ? »

« Seigneur, répondit le marchand, à moins qu’il ne l’ait perdu depuis hier, je puis vous assurer que c’est le plus sage de tous nos crieurs, et le plus employé, comme celui en qui l’on a le plus de confiance, quand il s’agit de la vente de quelque chose de grand prix ; et quant au tuyau qu’il crie à trente bourses, il faut qu’il les vaille et même davantage, par quelqu’endroit qui ne paroît pas. Il va repasser dans un moment, nous l’appellerons, et vous vous en informerez par vous-même ; asseyez-vous cependant sur mon sofa, et reposez-vous. »

Le prince Ali ne refusa pas l’offre obligeante du marchand ; et peu de temps après qu’il se fut assis, le crieur repassa. Comme le marchand l’eut appellé par son nom, il s’approcha. Alors en lui montrant le prince Ali, il lui dit :

« Répondez à ce seigneur qui demande si vous êtes dans votre bon sens, de crier à trente bourses un