Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
LES MILLE ET UNE NUITS,

La princesse qui avoit prévu ce qui arrivoit, et qui craignit que si elle laissoit approcher des médecins de sa personne, et qu’ils vinssent à lui tâter le pouls, le moins expérimenté ne vînt à connoître qu’elle étoit en bonne santé, et que sa maladie n’étoit qu’une feinte ; à mesure qu’il en paroissoit, elle entroit dans des transports d’aversion si grands, prête à les dévisager s’ils approchoient, que pas un n’eut la hardiesse de s’y exposer.

Quelques-uns de ceux qui se prétendoient plus habiles que les autres, et qui se vantoient de juger des maladies à la seule vue des malades, lui ordonnèrent de certaines potions qu’elle faisoit d’autant moins de difficulté de prendre, qu’elle étoit sûre qu’il étoit en son pouvoir d’être malade autant qu’il lui plairoit et qu’elle le jugeroit à propos, et que ces potions ne pouvoient pas lui faire de mal.

Quand le sultan de Cachemire vit que les médecins de sa cour n’avoient rien opéré pour la guérison de la