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LES MILLE ET UNE NUITS,

aimé, le cheval qui emportoit l’un et l’autre avec une rapidité incroyable, les avoit dérobés à sa vue. Quel parti prendre ? Retournera-t-il au palais du sultan son père, se renfermer dans son appartement, pour se plonger dans l’affliction, sans se donner aucun mouvement à la poursuite du ravisseur, pour délivrer sa princesse de ses mains et le punir comme il le méritoit ? Sa générosité, son amour, son courage ne le permettent pas. Il continue son chemin jusqu’au palais de plaisance.

À son arrivée, le concierge qui s’étoit aperçu de sa crédulité, et qu’il s’étoit laissé tromper par l’Indien, se présente devant le prince les larmes aux yeux, se jette à ses pieds, s’accuse lui-même du crime qu’il croit avoir commis, et se condamne à la mort qu’il attend de sa main.

« Lève-toi, lui dit le prince, ce n’est pas à toi que j’impute l’enlèvement de ma princesse, je ne l’impute qu’à moi-même et qu’à ma simplicité. Sans perdre de temps, va-