Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
CONTES ARABES.

furent témoins d’une insolence si signalée, et de cette méchanceté sans égale.

L’Indien peu touché de ces malédictions, dont le bruit arriva jusqu’à lui, continua sa route pendant que le sultan de Perse rentra dans le palais, extrêmement mortifié de recevoir une injure aussi atroce, et de se voir dans l’impuissance d’en punir l’auteur.

Mais quelle fut la douleur du prince Firouz Schah, quand il vit qu’à ses propres yeux, sans pouvoir y apporter empêchement, l’Indien lui enlevoit la princesse de Bengale, qu’il aimoit si passionnément, qu’il ne pouvoit plus vivre sans elle. À cet objet auquel il ne s’étoit pas attendu, il demeura comme immobile. Et avant qu’il eût délibéré s’il se déchaineroit en injures contre l’Indien, ou s’il plaindroit le sort déplorable de la princesse, et s’il lui demanderoit pardon du peu de précaution qu’il avoit pris pour se la conserver, elle qui s’étoit livrée à lui d’une manière qui marquoit si bien combien il en étoit