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CONTES ARABES.

faire attention au compliment de la mère d’Aladdin. Le premier coup d’œil jeté sur les quarante bassins d’or, pleins à comble des joyaux les plus brillans, les plus éclatans, les plus précieux que l’on eût jamais vus au monde, et les quatre-vingts esclaves qui paroissoient autant de rois, tant par leur bonne mine que par la richesse et la magnificence surprenante de leur habillement, l’avoit frappé d’une manière qu’il ne pouvoit revenir de son admiration. Au lieu de répondre au compliment de la mère d’Aladdin, il s’adressa au grand visir, qui ne pouvoit comprendre lui-même d’où une si grande profusion de richesses pouvoit être venue. « Eh bien, visir, dit-il publiquement, que pensez-vous de celui, quel qu’il puisse être, qui m’envoie un présent si riche et si extraordinaire, et que ni moi ni vous ne connoissons pas ? Le croyez-vous indigne d’épouser la princesse Badroulboudour ma fille ? »

Quelque jalousie et quelque douleur qu’eut le grand visir de voir