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CONTES ARABES.

lui faire son présent, et il y mettoit la main, dans le moment que Morgiane, avec un courage digne de la fermeté et de la résolution qu’elle avoit montrées jusqu’alors, lui enfonça le poignard au milieu du cœur, si avant qu’elle ne le retira qu’après lui avoir ôté la vie.

Ali Baba et son fils épouvantés de cette action, poussèrent un grand cri : « Ah, malheureuse, s’écria Ali Baba, qu’as-tu fait ? Est-ce pour nous perdre, moi et ma famille ? »

« Ce n’est pas vous perdre, répondit Morgiane : je l’ai fait pour votre conservation. »

Alors en ouvrant la robe de Cogia Houssain, et en montrant à Ali Baba le poignard dont il étoit armé : « Voyez, dit-elle, à quel fier ennemi vous aviez affaire, et regardez-le bien au visage : vous y reconnoîtrez le faux marchand d’huile, et le capitaine des quarante voleurs ! Ne considérez-vous pas aussi qu’il n’a pas voulu manger de sel avec vous ? En voulez-vous davantage pour vous