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LES MILLE ET UNE NUITS,

Ali Baba fit plus : pour faire à son hôte tout l’accueil possible, quand il vit que le capitaine des voleurs avoit déchargé ses mulets, que les mulets avoient été menés dans l’écurie, comme il l’avoit commandé, et qu’il cherchoit une place pour passer la nuit à l’air, il alla le prendre pour le faire entrer dans la salle où il recevoit son monde, en lui disant qu’il ne souffriroit pas qu’il couchât dans la cour. Le capitaine des voleurs s’en excusa fort, sous prétexte de ne vouloir pas être incommode, mais, dans le vrai, pour avoir lieu d’exécuter ce qu’il méditait avec plus de liberté ; et il ne céda aux honnêtetés d’Ali Baba qu’après de fortes instances.

Ali Baba, non content de tenir compagnie à celui qui en vouloit à sa vie, jusqu’à ce que Morgiane lui eût servi le soupé, continua de l’entretenir de plusieurs choses qu’il crut pouvoir lui faire plaisir, et il ne le quitta que quand il eut achevé le repas dont il l’avoit régalé.

« Je vous laisse le maître, lui dit-