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LES MILLE ET UNE NUITS,

découdre, afin de leur laisser la respiration libre, il les ferma de manière qu’ils paroissoient pleins d’huile ; et pour les mieux déguiser, il les frotta par le dehors d’huile, qu’il prit du vase qui en étoit plein.

Les choses ainsi disposées, quand les mulets furent chargés des trente-sept voleurs, sans y comprendre le capitaine, chacun caché dans un des vases, et du vase qui étoit plein d’huile, leur capitaine, comme conducteur, prit le chemin de la ville, dans le temps qu’il avoit résolu, et y arriva à la brune, environ une heure après le coucher du soleil, comme il se l’étoit proposé. Il y entra, et il alla droit à la maison d’Ali Baba, dans le dessein de frapper à la porte, et de demander à y passer la nuit avec ses mulets, sous le bon plaisir du maître. Il n’eut pas la peine de frapper : il trouva Ali Baba à la porte qui prenoit le frais après le soupé. Il fit arrêter ses mulets ; et en s’adressant à Ali Baba : « Seigneur, dit-il, j’amène l’huile que vous voyez, de bien loin, pour la