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LES MILLE ET UNE NUITS,

causer notre ruine, je vous demande si vous ne jugez pas à propos qu’en ce cas-là il se soumette à la peine de mort. »

Sans attendre que les autres donnassent leurs suffrages : « Je m’y soumets, dit l’un des voleurs, et je fais gloire d’exposer ma vie, en me chargeant de la commission. Si je n’y réussis pas, vous vous souviendrez au moins que je n’aurai manqué ni de bonne volonté, ni de courage, pour le bien commun de la troupe. »

Ce voleur, après avoir reçu de grandes louanges du capitaine et de ses camarades, se déguisa de manière que personne ne pouvoit le prendre pour ce qu’il étoit. En se séparant de la troupe, il partit la nuit, et il prit si bien ses mesures, qu’il entra dans la ville dans le temps que le jour ne faisoit que commencer à paroître. Il avança jusqu’à la place, où il ne vit qu’une seule boutique ouverte, et c’étoit celle de Baba Moustafa.

Baba Moustafa étoit assis sur son siége, l’alêne à la main, prêt à tra-