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CONTES ARABES.

quel de nous deux aura perdu la gageure. »

» Les deux amis partirent, et je les vis venir de loin. J’en fus tout ému, et je fus sur le point de quitter mon ouvrage et d’aller me cacher, pour ne point paroître devant eux. Attaché à mon travail, je fis semblant de ne les avoir pas aperçus ; et je ne levai les yeux pour les regarder, que quand ils furent si près de moi, et que m’ayant donné le salut de paix, je ne pus honnêtement m’en dispenser. Je les baissai aussitôt ; et en leur contant ma dernière disgrâce dans toutes ses circonstances, je leur fis connoître pourquoi ils me trouvoient aussi pauvre que la première fois qu’ils m’a voient vu.

» Quand j’eus achevé : « Vous pouvez me dire, ajoutai-je, que je devois cacher les cent quatre-vingt-dix pièces d’or ailleurs que dans un vase de son, qui devoit le même jour être emporté de ma maison. Mais il y avoit plusieurs années que ce vase y étoit, qu’il servoit à cet