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CONTES ARABES.

de manière qu’il nen paroisse la moindre chose, et de nous soumettre à la volonté de Dieu. Bénissons-le au contraire, de ce que de deux cents pièces d’or qu’il nous avoit données, il n’en a retiré que cent quatre-vingt-dix, et qu’il nous en a laissé dix par sa libéralité, dont l’emploi que je viens de faire ne laisse pas de nous apporter quelque soulagement. »

» Quelques bonnes que fussent mes raisons, ma femme eut bien de la peine à les goûter d’abord. Mais le temps qui adoucit les maux les plus grands, et qui paroissent le moins supportables, fit qu’à la fin elle s’y rendit.

« Nous vivons pauvrement, lui disois-je, il est vrai ; mais qu’ont les riches que nous n’ayons pas ? Ne respirons-nous pas le même air ? Ne jouissons-nous pas de la même lumière et de la même chaleur du soleil ? Quelques commodités qu’ils ont plus que nous, pourroient nous faire envier leur bonheur s’ils ne mou-