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LES MILLE ET UNE NUITS,

que vous auriez pris pour vous aider, et pour vous mettre insensiblement plus au large. »

« Seigneur, lui repartis-je, vous cesserez de vous étonner que je ne fasse pas d’épargne, et que je ne prenne pas le chemin que vous dites pour devenir riche, quand vous saurez qu’avec tout le travail que je puis faire depuis le matin jusqu’au soir, j’ai de la peine à gagner de quoi me nourrir, moi et ma famille, de pain et de quelques légumes. J’ai une femme et cinq enfans dont pas un n’est en âge de m’aider en la moindre chose ; il faut les entretenir et les habiller ; et dans un ménage, si petit qu’il soit, il y a toujours mille choses nécessaires dont on ne peut se passer. Quoique le chanvre ne soit pas cher, il faut néanmoins de l’argent pour en acheter, et c’est le premier que je mets à part de la vente de mes ouvrages ; sans cela il ne me seroit pas possible de fournir à la dépense de ma maison. Jugez, seigneur, ajoutai-je, s’il est possible que