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CONTES ARABES.

du sentiment qu’un homme ne peut être heureux en ce monde, qu’autant qu’il a des biens et de grandes richesses, pour vivre hors de la dépendance de qui que ce soit.

» Saad est d’un autre sentiment : il convient qu’il faut véritablement avoir des richesses, autant qu’elles sont nécessaires à la vie ; mais il soutient que la vertu doit faire le bonheur des hommes, sans d’autre attache aux biens du monde, que par rapport aux besoins qu’ils peuvent en avoir, et pour en faire des libéralités selon leur pouvoir. Saad est de ce nombre, et il vit très-heureux et très-content dans l’état où il se trouve. Quoique Saadi, pour ainsi dire, soit infiniment plus riche que lui, leur amitié néanmoins est très-sincère, et le plus riche ne s’estime pas plus que l’autre. Ils n’ont jamais eu de contestation, que sur ce seul point ; en toute chose leur union a toujours été très-uniforme.

» Un jour dans leur entretien, à-peu-près sur la même matière, comme je l’ai appris d’eux-mêmes, Saadi