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CONTES ARABES.

moins qu’à la fâcheuse nouvelle qu’elle lui apportoit. « Mon fils, s’écria-t-elle, tout est perdu pour vous ! Vous comptiez sur la belle promesse du sultan, il n’en sera rien. » Aladdin alarmé de ces paroles : « Ma mère, reprit-il, par quel endroit le sultan ne me tiendroit-il pas sa promesse ? Comment le savez-vous ? » « Ce soir, repartit la mère, le fils du grand visir épouse la princesse Badroulboudour dans le palais. » Elle lui raconta de quelle manière elle venoit de l’apprendre, par tant de circonstances, qu’il n’eut pas lieu d’en douter.

À cette nouvelle, Aladdin demeura immobile, comme s’il eût été frappé d’un coup de foudre. Tout autre que lui en eût été accablé ; mais une jalousie secrète l’empêcha d’y demeurer long-temps. Dans le moment il se souvint de la lampe qui lui avoit été si utile jusqu’alors ; et sans aucun emportement en vaines paroles contre le sultan, contre le grand visir, ou contre le fils de ce ministre, il dit seulement : « Ma mère, le fils du