Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
LES MILLE ET UNE NUITS,

sa beauté : je la trouvai à mon gré, et elle me plut.

» Le lendemain de nos noces, on nous servit un dîné de plusieurs mets ; je me rendis où la table étoit mise ; et, comme je n’y vis pas ma femme, je la fis appeler. Après m’avoir fait attendre long-temps, elle arriva. Je dissimulai mon impatience, et nous nous mîmes à table.

» Je commençai par le riz, que je pris avec une cuillère comme à l’ordinaire. Ma femme au contraire, au lieu de se servir d’une cuillère, comme tout le monde fait, tira d’un étui qu’elle avoit dans sa poche, une espèce de cure-oreille, avec lequel elle commença à prendre du riz et à le porter à sa bouche grain à grain ; car il ne pouvoit pas en tenir davantage.

» Surpris de cette manière de manger : « Amine, lui dis-je, car c’étoit son nom, avez-vous appris dans votre famille à manger le riz de la sorte ? Le faites-vous ainsi parce que vous êtes une petite mangeuse, ou bien voulez-vous en compter les grains