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CONTES ARABES.

Aladdin s’estima le plus heureux des mortels en apprenant cette nouvelle. Il remercia sa mère de toutes les peines qu’elle s’étoit données dans la poursuite de cette affaire, dont l’heureux succès étoit si important pour son repos. Et quoique dans l’impatience où il étoit de jouir de l’objet de sa passion, trois mois lui parussent d’une longueur extrême, il se disposa néanmoins à attendre avec patience, fondé sur la parole du sultan, qu’il regardoit comme irrévocable. Pendant qu’il comptoit non-seulement les heures, les jours et les semaines, mais même jusqu’aux momens, en attendant que le terme fût passé, environ deux mois s’étoient écoulés, quand la mère, un soir en voulant allumer la lampe, s’aperçut qu’il n’y avoit plus d’huile dans la maison. Elle sortit pour en aller acheter ; et en avançant dans la ville, elle vit que tout y étoit en fête. En effet, les boutiques au lieu d’être fermées, étoient ouvertes ; on les ornoit de feuillages, on y préparoit des