Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
LES MILLE ET UNE NUITS,

assez riche pour posséder à moi seul quatre-vingts chameaux, que je louois aux marchands des caravanes, et qui me valaient de grosses sommes chaque voyage que je faisois en différens endroits de l’étendue de l’empire de votre Majesté, où je les accompagnois.

» Au milieu de ce bonheur, et avec un puissant desir de devenir encore plus riche, un jour comme je venois de Balsora à vuide, avec mes chameaux que j’y avois conduits chargés de marchandises d’embarquement pour les Indes, et que je les faisais paître dans un lieu fort éloigné de toute habitation, et où le bon pâturage m’avoit fait arrêter, un derviche à pied qui alloit à Balsora, vint m’aborder, et s’assit auprès de moi pour se délasser. Je lui demandai d’où il venait, et où il alloit ? Il me fit les mêmes demandes ; et après qui nous eûmes satisfait notre curiosité de part et d’autre, nous mimes nos provisions en commun, et nous mangeâmes ensemble.