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CONTES ARABES.

me paroît d’un très-mauvais exemple. Dis-moi donc, sans me rien déguiser, d’où t’est venue cette pensée extravagante : ne me cache rien, car je veux le savoir absolument. »

Baba-Abdalla, intimidé par cette réprimande, se prosterna une seconde fois le front contre terre devant le trône du calife ; et après s’être relevé : « Commandeur des croyans, dit-il aussitôt, je demande très-humblement pardon à votre Majesté de la hardiesse avec laquelle j’ai osé exiger d’elle et la forcer de faire une chose qui, à la vérité, paroît hors du bon sens. Je reconnois mon crime, mais comme je ne connoissois pas alors votre Majesté, j’implore sa clémence, et j’espère qu’elle aura égard à mon ignorance. Quant à ce qu’il lui plaît de traiter ce que je fais d’extravagance, j’avoue que c’en est une, et mon action doit paroître telle aux yeux des hommes ; mais à l’égard de Dieu, c’est une pénitence très-modique d’un péché énorme dont je suis coupable, et que je n’expierois pas, quand tous les