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CONTES ARABES.

cesse Badroulboudour ; et de tous les appartemens qu’elle lui fit voir, qui étoient très-propres et très-bien meublés, il choisit celui qui lui parut l’être moins que les autres, en disant par hypocrisie qu’il étoit trop bon pour lui, et qu’il ne le choisissoit que pour complaire à la princesse.

La princesse voulut remener le fourbe au salon aux vingt-quatre croisées, pour le faire dîner avec elle ; mais comme pour manger il eût fallu qu’il se fût découvert le visage qu’il avoit toujours eu voilé jusqu’alors, et qu’il craignit que la princesse ne reconnût qu’il n’étoit pas Fatime la sainte femme, comme elle le croyoit, il la pria avec tant d’instance de l’en dispenser, en lui représentant qu’il ne mangeoit que du pain et quelques fruits secs, et de lui permettre de prendre son petit repas dans son appartement, qu’elle le lui accorda. « Ma bonne mère, lui dit-elle, vous êtes libre, faites comme si vous étiez dans votre hermitage ; je