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LES MILLE ET UNE NUITS,

tête, avec un voile, dont elle lui enseigna comment il falloit qu’il se cachât le visage en allant par la ville. Enfin, après qu’elle lui eut mis autour du cou un gros chapelet qui lui pendoit par-devant jusqu’au milieu du corps, elle lui mit a la main le même bâton qu’elle avoit coutume de porter ; et en lui présentant un miroir : « Regardez, dit-elle, vous verrez que vous me ressemblez on ne peut pas mieux. » Le magicien se trouva comme il l’avoit souhaité ; mais il ne tint pas à la bonne Fatime le serment qu’il lui avoit fait si solennellement. Afin qu’on ne vît pas de sang en la perçant de son poignard, il l’étrangla ; et quand il vit qu’elle avoit rendu l’ame, il traîna son cadavre par les pieds jusqu’à la citerne de l’hermitage, et il la jeta dedans.

Le magicien déguisé ainsi en Fatime la sainte femme, passa le reste de la nuit dans l’hermitage, après s’être souillé d’un meurtre si détestable. Le lendemain à une heure ou deux du matin, quoique dans un jour