Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
LES MILLE ET UNE NUITS,

cher au monde. L’aurore ne faisoit encore que de paroître, lorsque le sultan vint à ce cabinet, le même matin que le palais d’Aladdin venoit d’être rapporté à sa place. En y entrant, il étoit si recueilli en lui-même et si pénétré de sa douleur, qu’il jeta les yeux d’une manière triste du côté de la place où il ne croyoit voir que l’air vuide, sans apercevoir le palais. Mais comme il vit que ce vuide étoit rempli, il s’imagina d’abord que c’étoit l’effet d’un brouillard. Il regarda avec plus d’attention, et il connut à n’en pas douter, que c’étoit le palais d’Aladdin. Alors la joie et l’épanouissement du cœur succédèrent aux chagrins et à la tristesse. Il retourna à son appartement en pressant le pas, et il commanda qu’on lui selle et qu’on lui amène un cheval. On le lui amena, il le monta, il partit, et il lui sembla qu’il n’arriverait pas assez tôt au palais d’Aladdin.

Aladdin qui avoit prévu ce qui pouvoit arriver, s’étoit levé dès la petite pointe du jour ; et dès qu’il eut