Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
LES MILLE ET UNE NUITS,

de me voir aujourd’hui tout autre que vous ne m’avez vue jusqu’à présent ; mais vous n’en serez plus surpris quand je vous dirai que je suis d’un tempérament si opposé à la tristesse, à la mélancolie, aux chagrins et aux inquiétudes, que je cherche à les éloigner le plus tôt qu’il m’est possible, dès que je trouve que le sujet en est passé. J’ai fait réflexion sur ce que vous m’avez représenté du destin d’Aladdin ; et de l’humeur dont je connois mon père, je suis persuadée comme vous, qu’il n’a pu éviter l’effet terrible de son courroux. Ainsi, quand je m’opiniâtrerois à le pleurer toute ma vie, je vois bien que mes larmes ne le feroient pas revivre. C’est pour cela qu’après lui avoir rendu, même jusque dans le tombeau, les devoirs que mon amour demandoit que je lui rendisse, il m’a paru que je devois chercher tous les moyens de me consoler. Voilà les motifs du changement que vous voyez en moi. Pour commencer donc à éloigner tout sujet de tristesse, résolue à