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CONTES ARABES.

jour depuis qu’il avoit été bâti avec sa permission, et tout récemment le jour précédent, se fût évanoui de manière qu’il n’en paroissoit pas le moindre vestige. « Je ne me trompe pas, disoit-il en lui-même : il étoit dans la place que voilà ; s’il s’étoit écroulé, les matériaux paroîtroient en monceaux ; et si la terre l’avoit englouti, on en verroit quelque marque, de quelque manière que cela fût arrivé ! » Et quoique convaincu que le palais n’y étoit plus, il ne laissa pas néanmoins d’attendre encore quelque temps, pour voir si en effet il ne se trompoit pas. Il se retira enfin ; et après avoir regardé encore derrière lui avant de s’éloigner, il revint à son appartement ; il commanda qu’on lui fît venir le grand visir en toute diligence ; et cependant il s’assit, l’esprit agité de pensées si différentes, qu’il ne savoit quel parti prendre.

Le grand visir ne fit pas attendre le sultan : il vint même avec une si grande précipitation, que ni lui ni ses gens ne firent pas réflexion en