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LES MILLE ET UNE NUITS,

mettent pas d’en douter. D’ailleurs, quand je n’en serois pas persuadé, je ne pourrois me défendre d’écouter mon songe. Le vieillard qui m’est apparu, avoit quelque chose de surnaturel. Ce n’est point un de ces hommes que la seule vieillesse rend respectables : je ne sais quel air divin étoit répandu dans sa personne. Il étoit tel enfin qu’on nous représente le grand prophète ; et si vous voulez que je vous découvre ma pensée, je crois que c’est lui qui, touché de mes peines, veut les soulager. Je m’en fie à la confiance qu’il m’a inspirée ; je suis plein de ses promesses, et j’ai résolu de suivre sa voix. » La reine essaya de l’en détourner, mais elle n’en put venir à bout. Le prince lui laissa la conduite du royaume, sortit une nuit du palais fort secrètement, et prit la route du Caire sans vouloir être accompagné de personne.

Après beaucoup de fatigue et de peine, il arriva dans cette fameuse ville qui en a peu de semblables au monde, soit pour la grandeur, soit