Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
CONTES ARABES.

Cependant Zeyn voyant toutes ses richesses consommées, se repentit de n’en avoir pas fait un meilleur usage. Il tomba dans une mélancolie mortelle, et rien ne pouvoit le consoler. Une nuit il vit en songe un vénérable vieillard qui s’avança vers lui, et lui dit d’un air riant :

« Ô Zeyn, sache qu’il n’y a pas de chagrin qui ne soit suivi de joie ; point de malheur qui ne traîne à sa suite quelque bonheur. Si tu veux voir la fin de ton affliction, lève-toi, pars pour l’Égypte, va-t-en au Caire : une grande fortune t’y attend. »

Le prince à son réveil fut frappé de ce songe. Il en parla fort sérieusement à la reine sa mère, qui n’en fit que rire. « Ne voudriez-vous point, mon fils, lui dit-elle, aller en Égypte sur la foi de ce beau songe ? » « Pourquoi non, madame, répondit Zeyn ? Pensez-vous que tous les songes soient chimériques ? Non, non, il y en a de mystérieux. Mes précepteurs m’ont raconté mille histoires qui ne me per-