Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
LES MILLE ET UNE NUITS,

et insensiblement ses femmes et ses favoris épuisèrent ses trésors.

La reine sa mère vivoit encore. C’étoit une princesse sage et prudente. Elle avoit essayé plusieurs fois inutilement d’arrêter le cours des prodigalités et des débauches du roi son fils, en lui représentant que s’il ne changeoit bientôt de conduite, non-seulement il dissiperoit ses richesses, mais qu’il aliéneroit même l’esprit de ses peuples, et causeroit une révolution qui lui coûteroit peut-être la couronne et la vie. Peu s’en fallut que ce qu’elle avoit prédit n’arrivât : les peuples commencèrent à murmurer contre le gouvernement ; et leurs murmures auroient infailliblement été suivis d’une révolte générale, si la reine n’eût eu l’adresse de la prévenir ; mais cette princesse informée de la mauvaise disposition des choses, en avertit le roi qui se laissa persuader enfin. Il confia le ministère à de sages vieillards qui surent bien retenir ses sujets dans le devoir.