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CONTES ARABES.

lent à récompenser qu’à punir, parce qu’il arrivoit souvent que les rois séduits par de fausses apparences, accabloient de bienfaits les méchans, et opprimoient l’innocence.

Aussitôt que le roi fut mort, le prince Zeyn prit le deuil, qu’il porta durant sept jours. Le huitième, il monta sur le trône, ôta du trésor royal le sceau de son père pour y mettre le sien, et commença à goûter la douceur de régner. Le plaisir de voir tous ses courtisans fléchir devant lui, et se faire leur unique étude de lui prouver leur obéissance et leur zèle, en un mot, le pouvoir souverain eut trop de charmes pour lui. Il ne regarda que ce que ses sujets lui devoient, sans penser à ce qu’il devoit à ses sujets. Il se mit peu en peine de les bien gouverner. Il se plongea dans toutes sortes de débauches avec de jeunes voluptueux qu’il revêtit des premières charges de l’état. Il n’eut plus de règle. Comme il étoit naturellement prodigue, il ne mit aucun frein à ses largesses,