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LES MILLE ET UNE NUITS,

nière le calife avoit traité sa mère et sa sœur, ce que Tourmente lui raconta. Il ne put entendre ce récit sans pleurer, malgré la situation où la nouvelle de son mariage avec sa maîtresse avoit mis son esprit. Mais lorsque Tourmente lui dit qu’elles étoient actuellement à Bagdad et dans la maison même où il se trouvoit, il parut avoir une si grande impatience de les voir, que la favorite ne différa point à la satisfaire. Elle les appela ; elles étoient à la porte où elles n’attendoient que ce moment. Elles entrèrent, s’avancèrent vers Ganem, et l’embrassant tour-à-tour, elles le baisèrent à plusieurs reprises. Que de larmes furent répandues dans ces embrassemens ! Ganem en avoit le visage tout couvert, aussi bien que sa mère et sa sœur. Tourmente en versoit abondamment. Le syndic même et sa femme, que ce spectacle attendrissoit, ne pouvoient retenir leurs pleurs, ni se lasser d’admirer les ressorts secrets de la Providence, qui rassembloit chez eux