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CONTES ARABES.

soupçons, et il vous a redonné sa tendresse. » « Oui, mon cher Ganem, reprit Tourmente, je me suis justifiée dans l’esprit du Commandeur des croyans, qui, pour réparer le mal qu’il vous a fait souffrir, me donne à vous pour épouse. » Ces dernières paroles causèrent à Ganem une joie si vive, qu’il ne put d’abord s’exprimer que par ce silence tendre si connu des amans. Mais il le rompit enfin : « Ah, belle Tourmente, s’écria-t-il, puis-je ajouter foi au discours que vous me tenez ? Croirai-je qu’en effet le calife vous cède au fils d’Abou Aïbou ? » « Rien n’est plus véritable, repartit la dame : ce prince qui vous faisoit auparavant chercher pour vous ôter la vie, et qui, dans sa fureur, a fait souffrir mille indignités à votre mère et à votre sœur, souhaite de vous voir présentement, pour vous récompenser du respect que vous avez eu pour lui ; et il n’est pas douteux qu’il ne comble de bienfaits toute votre famille. »

Ganem demanda de quelle ma-