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LES MILLE ET UNE NUITS,

vous assurer de son innocence, puisque cette même Tourmente dont vous avez tant à vous plaindre, c’est moi, qui, par la fatalité des astres, ai causé tous vos malheurs. C’est à moi que vous devez imputer la perte de votre fils, s’il n’est plus au monde ; mais si j’ai fait votre infortune, je puis aussi la soulager. J’ai déjà justifié Ganem dans l’esprit du calife : ce prince a fait publier par tous ses états qu’il pardonnoit au fils d’Abou Aïbou ; et ne doutez pas qu’il ne vous fasse autant de bien qu’il vous a fait de mal. Vous n’êtes plus ses ennemis. Il attend Ganem pour le récompenser du service qu’il m’a rendu, en unissant nos fortunes ; il me donne à lui pour épouse. Ainsi regardez-moi comme votre fille, et permettez-moi que je vous consacre une éternelle amitié. » En disant cela, elle se pencha sur la mère de Ganem, qui ne put répondre à ce discours, tant il lui causa d’étonnement. Tourmente la tint long-temps embrassée, et ne la quitta que pour courir à l’autre lit embrasser