Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/466

Cette page a été validée par deux contributeurs.
456
LES MILLE ET UNE NUITS,

présente pas devant nos sultans sans un présent à la main, quand on a quelque grâce à leur demander. Les présens ont au moins cet avantage, que s’ils refusent la grâce, pour les raisons qu’ils peuvent avoir, ils écoutent au moins la demande et celui qui la fait, sans aucune répugnance. Mais quel présent avez-vous à faire ? Et quand vous auriez quelque chose qui fût digne de la moindre attention d’un si grand monarque, quelle proportion y auroit-il de votre présent avec la demande que vous voulez lui faire ? Rentrez en vous-même, et songez que vous aspirez à une chose qu’il vous est impossible d’obtenir. »

Aladdin écouta fort tranquillement tout ce que sa mère put lui dire pour tâcher de le détourner de son dessein ; et après avoir fait réflexion sur tous les points de sa remontrance, il prit enfin la parole, et il lui dit : « J’avoue, ma mère, que c’est une grande témérité à moi d’oser porter mes prétentions aussi loin que je fais,