Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/458

Cette page a été validée par deux contributeurs.
448
LES MILLE ET UNE NUITS,

mencer à lui demander le sujet d’une si grande mélancolie ; mais elle ne put en rien savoir, et il prit le parti de s’aller coucher, plutôt que de donner à sa mère la moindre satisfaction sur cela.

Sans examiner comment Aladdin épris de la beauté et des charmes de la princesse Badroulboudour, passa la nuit, nous remarquerons seulement que le lendemain, comme il étoit assis sur le sofa vis-à-vis de sa mère qui filoit du coton à son ordinaire, il lui parla en ces termes : « Ma mère, dit-il, je romps le silence que j’ai gardé depuis hier à mon retour de la ville ; il vous a fait de la peine, et je m’en suis bien aperçu. Je n’étois pas malade, comme il m’a paru que vous l’avez cru, et je ne le suis pas encore ; mais je ne puis vous dire ce que je sentois ; et ce que je ne cesse encore de sentir, est quelque chose de pire qu’une maladie. Je ne sais pas bien quel est ce mal, mais je ne doute pas que ce que vous allez entendre, ne vous le fasse connoître.