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CONTES ARABES.

achetons ; et c’est ce que les juifs les plus équitables ne font pas. »

Aladdin remercia bien fort l’orfèvre du bon conseil qu’il venoit de lui donner, et dont il tiroit déjà un si grand avantage. Dans la suite il ne s’adressa plus qu’à lui pour vendre les autres plats, aussi bien que le bassin, dont la juste valeur lui fut toujours payée à proportion de son poids. Quoiqu’Aladdin et sa mère eussent une source intarissable d’argent en leur lampe, pour s’en procurer tant qu’ils voudroient, dès qu’il viendroit à leur manquer, ils continuèrent néanmoins de vivre toujours avec la même frugalité qu’auparavant, à la réserve de ce qu’Aladdin en mettoit à part pour s’entretenir honnêtement et pour se pourvoir des commodités nécessaires dans leur petit ménage. Sa mère de son côté ne prenoit la dépense de ses habits, que sur ce que lui valoit le coton qu’elle filoit. Avec une conduite si sobre, il est aisé de juger combien de temps l’argent des douze plats et du bassin,