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LES MILLE ET UNE NUITS,

au moins l’y regarder comme s’il étoit présent. » La mère d’Aladdin ne le pressa pas davantage, et elle le laissa dans la liberté de prendre la place qu’il voulut.

Quand le magicien africain se fut assis à la place qu’il lui avoit plu de choisir, il commença de s’entretenir avec la mère d’Aladdin : « Ma bonne sœur, lui disoit-il, ne vous étonnez point de ne m’avoir pas vu tout le temps que vous avez été mariée avec mon frère Mustafa d’heureuse mémoire ; il y a quarante ans que je suis sorti de ce pays, qui est le mien aussi-bien que celui de feu mon frère. Depuis ce temps-là, après avoir voyagé dans les Indes, dans la Perse, dans l’Arabie, dans la Syrie, en Égypte, et séjourné dans les plus belles villes de ce pays-là, je passai en Afrique, où j’ai fait un plus long séjour. À la fin, comme il est naturel à l’homme, quelqu’éloigné qu’il soit du pays de sa naissance, de n’en perdre jamais la mémoire, non plus que de ses parens et de ceux avec