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CONTES ARABES.

vous l’avez traité, et vous en répondrez devant le tribunal de Dieu. »

Le calife ne sut point mauvais gré à Tourmente de la liberté qu’il y avoit dans ce discours. « Mais, reprit-il, puis-je me fier aux assurances que tu me donnes de la retenue de Ganem ? » « Oui, repartit-elle, vous le pouvez : je ne voudrois pas, pour toute chose au monde, vous déguiser la vérité ; et pour vous prouver que je suis sincère, il faut que je vous fasse un aveu qui vous déplaira peut-être, mais j’en demande pardon par avance à votre Majesté. » « Parle, ma fille, dit alors Haroun Alraschild, je te pardonne tout, pourvu que tu ne me caches rien. » « Hé bien, répliqua Tourmente, apprenez que l’attention respectueuse de Ganem, jointe à tous les bons offices qu’il m’a rendus, me firent concevoir de l’estime pour lui. Je passai même plus avant : vous connoissez la tyrannie de l’amour. Je sentis naître en mon cœur de tendres sentimens ; il s’en aperçut, mais