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LES MILLE ET UNE NUITS,

répondit-elle, s’il m’est échappé quelque parole qui ne soit point agréable à votre Majesté, je vous supplie très-humblement de me le pardonner. Mais celui dont vous voulez connoître l’innocence et la misère, c’est Ganem, le malheureux fils d’Abou Aïbou, marchand de Damas. C’est lui qui m’a sauvé la vie, et qui m’a donné un asile en sa maison. Je vous avouerai que dès qu’il me vit, peut-être forma-t-il la pensée de se donner à moi et l’espérance de m’engager à souffrir ses soins : j’en jugeai ainsi par l’empressement qu’il fit paroître à me régaler et à me rendre tous les services dont j’avois besoin dans l’état où je me trouvois. Mais sitôt qu’il apprit que j’avois l’honneur de vous appartenir : « Ah, madame, me dit-il, ce qui appartient au maître est défendu à l’esclave. Depuis ce moment, je dois cette justice à sa vertu, sa conduite n’a point démenti ses paroles. Cependant vous savez, Commandeur des croyans, avec quelle rigueur