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CONTES ARABES.

sentoit à leurs yeux. Chacun ne savoit que penser d’un tel événement. Zobéïde enfin rompit le silence : « Hélas, dit-elle au calife, ils sont morts tous deux ! Vous avez tant fait, continua-t-elle en regardant le calife et Mesrour, à force de vous opiniâtrer à me faire accroire que ma chère esclave étoit morte, qu’elle l’est en effet, et sans doute ce sera de douleur d’avoir perdu son mari. » « Dites plutôt, Madame, répondit le calife prévenu du contraire, que Nouzhatoul-Aouadat est morte la première, et que c’est le pauvre Abou Hassan qui a succombé à son affliction d’avoir vu mourir sa femme votre chère esclave ; ainsi vous devez convenir que vous avez perdu la gageure, et que votre palais des Peintures est à moi tout de bon. »

« Et moi, repartit Zobéïde animée par la contradiction du calife, je soutiens que vous avez perdu vous-même, et que votre jardin des Délices m’appartient. Abou Hassan est mort le premier, puisque ma nour-