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LES MILLE ET UNE NUITS,

pressé le pas en revenant, encore plus qu’elle n’avoit fait en allant. Le plaisir de porter à la princesse une bonne nouvelle, et plus encore l’espérance d’une bonne récompense, la firent arriver en peu de temps ; elle entra dans le cabinet de la princesse presque hors d’haleine ; et en lui rendant compte de sa commission, elle raconta naïvement à Zobéïde tout ce qu’elle venoit de voir.

Zobéïde écouta le rapport de la nourrice avec un plaisir des plus sensibles, et elle le fit bien voir ; car dès qu’elle eut achevé, elle dit à sa nourrice d’un ton qui marquoit gain de cause : « Raconte donc la même chose au Commandeur des croyans, qui nous regarde comme dépourvues de bon sens, et qui, avec cela, voudroit nous faire accroire que nous n’avons aucun sentiment de religion, et que nous n’avons pas la crainte de Dieu. Dis-le à ce méchant esclave noir, qui a l’insolence de me soutenir une chose qui n’est pas, et que je sais mieux que lui. »