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LES MILLE ET UNE NUITS,

Zobéïde, sans vouloir entendre ce que le calife lui représentoit : « Commandeur des croyans, reprit-elle, pardonnez-moi, si je vous tiens pour suspect : je vois bien que vous êtes d’intelligence avec Mesrour pour me chagriner et pour pousser ma patience à bout. Et comme je m’aperçois que le rapport que Mesrour vous a fait est un rapport concerté avec vous, je vous prie de me laisser la liberté d’envoyer aussi quelque personne de ma part chez Abou Hassan, pour savoir si je suis dans l’erreur. »

Le calife y consentit, et la princesse chargea sa nourrice de cette importante commission. C’étoit une femme fort âgée, qui étoit toujours restée près de Zobéïde depuis son enfance, et qui étoit là présente parmi ses autres femmes. « Nourrice, lui dit-elle, écoute : va-t-en chez Abou Hassan, ou plutôt chez Nouzhatoul-Aouadat, puisqu’Abou Hassan est mort. Tu vois quelle est ma dispute avec le Commandeur des croyans et avec Mesrour ; il n’est pas besoin de