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CONTES ARABES.

Zobéïde et Mesrour, le calife qui avoit vu les témoignages apportés de part et d’autre, dont chacun se faisoit fort, et toujours persuadé du contraire de ce que disoit la princesse, tant par ce qu’il avoit vu lui-même en parlant à Abou Hassan, que par ce que Mesrour venoit de lui rapporter, rioit de tout son cœur de voir que Zobéïde étoit si fort en colère contre Mesrour. « Madame, pour le dire encore une fois, dit-il à Zobéïde, je ne sais pas qui est celui qui a dit que les femmes avoient quelquefois des absences d’esprit ; mais vous voulez bien que je vous dise que vous faites voir qu’il ne pouvoit rien dire de plus véritable. Mesrour vient tout fraîchement de chez Abou Hassan ; il vous dit qu’il a vu de ses propres yeux Nouzhatoul-Aouadat morte au milieu de la chambre, et Abou Hassan vivant assis auprès de la défunte ; et nonobstant son témoignage, qu’on ne peut pas raisonnablement récuser, vous ne voulez pas le croire ! C’est ce que je ne puis pas comprendre ! »