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CONTES ARABES.

Dieu vous préserve de demeurer plus long-temps en cette erreur : vous me feriez croire que votre esprit ne seroit pas dans son assiette ordinaire. Permettez-moi de vous répéter encore que c’est Abou Hassan qui est mort, et que Nouzhatoul-Aouadat, mon esclave, veuve du défunt, est pleine de vie. Il n’y a pas plus d’une heure qu’elle est sortie d’ici. Elle y étoit venue toute désolée, et dans un état qui seul auroit été capable de me tirer les larmes, quand même elle ne m’auroit point appris, au milieu de mille sanglots, le juste sujet de son affliction. Toutes mes femmes en ont pleuré avec moi, et elles peuvent vous en rendre un témoignage assuré. Elles vous diront aussi que je lui ai fait présent d’une bourse de cent pièces d’or et d’une pièce de brocard ; et la douleur que vous avez remarquée sur mon visage en entrant, étoit autant causée par la mort de son mari que par la désolation où je venois de la voir. J’allois même envoyer vous faire mon compliment de condo-